SEVERINE DIERRE

C’est après un long parcours que le rôle de professeure de yoga est venu à moi, en 2013, grâce à mes professeures de Tahiti (Claire Wauthy et Hinano Lausin).
Musicienne (piano et saxophone) et danseuse amateure puis pratiquante d’arts martiaux (Karaté-Do et Aïkido), je me suis retrouvée, lors de mes études universitaires de psychologie et neuropsychologie à l’UBO de Brest, en friction entre deux mondes.
Il y avait, en effet, un fossé entre mon expérience vécue de l’unité somatopsychique via mes différentes disciplines et de l’autre, l’occultation universitaire de la dimension corporelle et spirituelle de l’humain.
La question du corps et de la conscience m’a donc dirigée, en 2004-2005, à Montpellier, en Master 2 professionnel de psychologie clinique et psychopathologie du sportif (Université Paul Valéry), où cette question était explorée sous des angles théoriques différents et des approches complémentaires.
J’y ai rencontré la sophrologie et me suis engagée dans une formation continue personnelle et professionnelle de 2 ans, à l’EFS de Montpellier. Ce double cursus m’a permis de développer un dispositif d’accompagnement sophro-psychologique et de travailler notamment avec des athlètes au Comité Olympique Régional Handisport sur l »intégration des prothèses au schéma corporel.
Au cours des 9 années suivantes vécues à Tahiti, je me suis investie dans la danse : tahitienne, classique, contemporaine.
La danse tahitienne me cueillait de Beauté et m’interpelait sur la question de l’accueil de soi et de la Grâce dans le mouvement.
La danse classique et la danse contemporaine ont généré en moi un sentiment de rébellion vis-à-vis de tout mouvement imposé. Cela m’a conduit à arrêter toute pratique « institutionnalisée », développant par et pour moi-même une approche énactive de la danse, où la place est laissée à l’écoute, au sentir, à un état d’ouverture menant, dans le lâcher-prise, au mouvement intuitif, spontané, libre; un mouvement qui jaillit d’un espace infini où quelque chose en soi sait et guide. Cette façon de vivre la danse m’a poussée à aller à la source : le Yoga.
Tout en travaillant en qualité de psychologue à la Maison de l’Enfant du Fare Tama Hau, je suis partie en formation intensive de professeur de hatha yoga à Ashram Yoga en Nouvelle-Zélande avec Swami Shantimurti, en mai 2013. J’y ai découvert ma voix et ma voie, à travers les kirtans et méditations chantées.
J’ai décidé alors d’explorer le yoga du son et de me former au nada yoga, notamment avec Bija yoga (Leuhan – Satyananda Yoga), ainsi qu’ à la sonothérapie c’est-à-dire l’aspect thérapeutique des vibrations (institut Medson), tout en achevant une formation continue de 3 ans (2013-2016) de professeur de hatha-yoga au Centre Bija yoga (Leuhan – 29).
Opérée d’une hernie discale en 2015 à mon retour de Polynésie, c’est avec le kriya hatha yoga que je me suis auto-rééduquée (1ère et 2ème initiations reçues en déc 2016 et mai 2017 puis formation de professeur à l’Ashram du Kriya Yoga de Babaji du Québec avec Marshall Govindan, à partir de juillet 2017).
Cette investigation m’a demandé de transformer radicalement ma relation au corps abîmé -défaillant et d’instaurer une réelle alliance, dans l’écoute profonde et un total respect de ce qui est ! Nécessité de lâcher les références au passé, au connu – source de frustration par comparaison, par attachement, par refus ou rejet de la perte… et de me laisser surprendre… « Là où vous êtes se trouve la porte d’entrée » disait Kabir…
Dans la présence, la reconnaissance, l’accueil et l’abandon à ce qui est, au réel et à l’Intelligence de la Vie, par l’action conjuguée du souffle et de l’attention centrée, le Prânâ circule et transforme… Le corps se révèle dans ce qu’il est réellement: Temple Sacré du Vivant, de la Conscience- Energie.
Forte de cette expérience que je re-nouvelle au quotidien dans mes explorations, c’est avec cette attention particulière que j’invite les pratiquants à réaliser l’importance de ces conditions essentielles à la pratique du yoga en toute sécurité.